A l’heure où j’écris je me demande quel sera le futur de la mobilité internationale et de l’expatriation. Est-ce que l’étranger continuera d’attirer ou bien est-ce que le traumatisme pandémique aura vacciné les candidats à la mobilité internationale ? Je parle de traumatisme car oui, suivre les nouvelles à la télévision c’est angoissant c’est certain ; mais imaginez les suivre à distance, loin de sa famille, loin de son pays. Imaginez un peu ces gens qui tentent de s’informer à la fois sur les mesures prises par le gouvernement de leur pays d’accueil tout en suivant les déclarations de leur pays d’origine. Imaginez cette angoisse de ne pas pouvoir expérimenter avec leurs proches cette redécouverte des petits riens de la vie. Imaginez aussi ne pas pouvoir appeler sa famille lorsqu’on le souhaite, parce que vous savez… le décalage horaire. Imaginez aussi avoir l’angoisse de ne pas vivre dans un pays où il y a un soutien économique et social. Imaginez se retrouver au chômage à l’étranger, tout perdre ; d’un coup. Parce oui le chômage partiel, le chômage tout court, les aides de l’état ; ce n’est pas dans tous les pays. Imaginez aussi ces expats inquiets de ne plus pouvoir renouveler leur permis de travail ou de résidence et se retrouver en statut pseudo-illicite. Imaginez se sentir bloquer dans un pays qui n’est pas le vôtre. Enfin, imaginez tous ces gens qui, sous prétexte que vous n’avez pas la nationalité et que vous êtes encore considérés comme « nouvel arrivant » ne cessent de vous poser la question : « et toi aussi tu vas rentrer » ?
Angoissant non ?
Ce sont toutes ces angoisses qui ont poussé environ 30% des expats dans le monde à retourner dans leur pays d’origine. 30% ! Je ne sais pas si vous imaginez le nombre de personne que cela représente mais c’est énorme.
Et puis quand je parle de départs, je vous parle de départs rapides, sous 2 semaines. Tout quitter en 2 semaines ?! Je ne parviens même pas à imaginer la panique dans laquelle ils ont dû être pour tout quitter en 2 semaines. Ça ne m’a pas traversé l’esprit moi au début de partir ; mais absolument pas !
Ce sont les fermetures des frontières qui sont dures à vivre lorsque tu vis à l’étranger. Au démarrage seuls les « nationaux » peuvent entrer (ceux qui ont la nationalité ou bien les résidents permanents), puis ceux qui ont un emploi peuvent à nouveau venir. Les autres non. En fait très vite vous vous sentez piégés sur place, immobiles. Votre famille ? Non elle ne viendra pas, ils sont considérés comme touristes étrangers donc on oublie leur venue !
A l’heure où je vous parle, ça fait personnellement un an que je n’ai pas vu ma famille. Cela peut paraitre vraiment peu pour certains, j’en conviens ; mon conjoint ne serait pas ébranlé par une telle durée. En revanche, moi oui. Expat confinée, je digère à peine les derniers mois passés. Car à force d’entendre qu’il faut être positifs et que « ça va bien aller » on en oublie qu’on a le droit d’être déprimés et ne pas bien vivre une situation. J’ai finalement vécu ce que beaucoup d’expatriés ont vécu durant cette période : un cruel manque de ses proches, la peur de perdre son job et de se retrouver à l’étranger sans aide financière, voir plusieurs de ses projets et déplacements tomber à l’eau, et enfin continuer à répondre aux autres que tout va bien et que « non je ne veux pas rentrer, mais qu’à force d’entendre cette question, je commence à me la poser moi-même ».
Enfin bon, tout ça pour vous dire qu’
« être expats confinés, ostie qu’c’est dur ! »
Et vous, vous pensez que l’avenir de la mobilité internationale il ressemble à quoi ?