Après chaque séjour en France, c’est toujours la même histoire. Toujours cette même appréhension. Celle du moment où il faut dire au revoir. Cette fois-là, j’ai été chanceuse de pouvoir revenir quelques jours (6) auprès de ma famille. Le contexte de pandémie mondial, ainsi que des fermetures de frontières et quarantaines à respecter n’ont pas permis à tous ceux qui l’auraient souhaité de rentrer auprès des leurs. Moi j’ai eu cette chance ; nous avons eu cette chance.
Une demi-journée en famille complète ; 6 jours en famille réduite (ma sœur, mes parents, nos amoureux, le temps de quelques jours).
Ce voyage-là est arrivé au bout d’un an d’attente. Un an que je n’avais pas serré ma sœur dans les bras. Un an qu’on avait passé 3 petits jours à Paris ensemble pour se voir.
Avant chaque retour au pays, j’ai cette boule au ventre. Celle qui me fait limite penser à ne pas rentrer pour ne pas avoir à subir les au revoir. Si vous avez déjà été dans une relation amoureuse à distance, vous connaissez sûrement ce sentiment. Se priver de voir l’autre nous parait des fois moins douloureux que devoir lui dire au revoir une nouvelle fois. Comme si le bonheur des retrouvailles n’était pas assez fort pour compenser la déchirure qui s’en suit lorsque l’on repart.
A ce moment-là je me suis vraiment demandé : est-ce que ma famille était ma drogue ? Et je crois que oui. A chaque retour en France, j’ai l’impression de rechuter dans cette drogue et m’en sevrer est chaque fois plus difficile.
Pour notre part, les au revoir se sont toujours faits sur les quais de gare. Et à chaque fois, je suis celle qui monte dans le train pour les laisser derrière. A chaque fois je fais cette action de monter dans le train. A chaque fois je suis forcée de les regarder s’éloigner le visage déchiré par les pleurs. A chaque fois je tente de rester neutre ; à chaque fois je m’écroule une fois assise à mon siège.
Hier soir je disais au revoir à ma sœur, ce matin à mes parents. Tous me murmurent à l’oreille qu’ils m’aiment et qu’ils m’attendent. Un trou béant s’ouvre dans ma poitrine. Plus je dis au revoir et plus ce trou s’agrandit. Durant ce séjour j’aurai dit au revoir une dizaine de fois. Parait que les au revoir sont de plus en plus faciles avec le temps. De mon expérience, non.

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